Visite insolite à Metz, la tour de l’hôtel Saint-Livier
La semaine dernière, j’ai suivi la visite guidée proposée par le Frac Lorraine, le fond régional d’art contemporain, qui se situe à l’hôtel Saint-Livier, rue des trinitaires, sur la colline Sainte-Croix. La visite s’est terminée par une superbe découverte que je suis heureuse de partager ici.
L’hôtel Saint-Livier dont les fondations remontent au XIIème siècle est le plus ancien hôtel particulier de Metz. Avec son allure de château fort, il est dominé par une tour rectangulaire qui occupe le point le plus élevé de la ville.
Le nom de cet édifice honore la mémoire de Saint Livier qui serait né à cet emplacement. Mais savez-vous qui était Saint Livier ? Le saint homme était un pieux et courageux guerrier qui défendit la ville de Metz en 451 lors de l’invasion des terrifiants barbares, les Huns, et leur célèbre chef Attila. Fait prisonnier, Livier fut décapité. On raconte qu’il ramassa miraculeusement sa tête, fit quelques pas et la déposa plus loin sur un lieu où depuis coule une source. (Saint Denis a vécu une expérience similaire à Paris).
A la Renaissance, l’hôtel particulier a appartenu à la famille des Gournay, riche famille patricienne de la ville, et selon la légende, descendante de Saint-Livier.
Après avoir abrité un temps le conservatoire de Metz, l’édifice accueille aujourd’hui le Frac Lorraine, crée en 1984 pour constituer et diffuser un fond d’art contemporain. Des expositions temporaires sont régulièrement proposées.
La dernière exposition, « tous les chemins mènent à Schengen » encore visible jusqu’à dimanche, m’a beaucoup plu. Sur fond artistique, le sujet traite notamment de la situation des migrants et nous éclaire sur la complexité de cette actualité.
Si vous suivez la visite guidée, vous aurez les clés pour déchiffrer certaines œuvres énigmatiques et surtout une surprise vous attendra à la fin ! En effet, à l’issue de la visite que j’ai suivie, on nous a proposé de grimper en haut de la tour Saint- Livier et découvrir l’œuvre de Tania Mouraud.
Ceux qui habitent à Metz ont surement entendu parler de Tania Mouraud, une artiste française dont on peut admirer l’œuvre au centre Pompidou-Metz mais aussi en suivant un parcours dans la ville, au musée de la cour d’or, dans plusieurs galeries et centres d’art.
Saviez-vous que depuis 2005 une peinture murale de cette artiste se trouve au musée de la Cour d’Or? Peu de spectateurs ont pu admirer cette œuvre car elle se trouve dans la cour des lapidaires du musée de la Cour d’Or, inaccessible au public.
Donc pour visionner l’œuvre cachée de Tania Mouraud, il faut monter tout en haut de la tour de l’hôtel Saint-Livier. Le chemin pour y accéder étant … surprenant, seul un responsable du frac peut vous y emmener. On y accède par une trappe cachée et un étonnant escalier accordéon se déplie devant vous. Dans la montée d’escalier, on découvre une multitude de petits nichoirs à pigeons, preuve que la tour servait de pigeonnier. Au sommet de la tour, l’espace est restreint, et les murs sont fermés de quatre volets qu’on ouvre les uns après les autres pour éviter les appels d’air. Vous l’aurez compris, le chemin n’est pas dépourvu de charme et le résultat est spectaculaire !
On découvre non seulement la fameuse peinture murale de Tania Mouraud mais aussi toute la ville de Metz en hauteur sous un angle inédit.
Dommage que le temps n’était pas aussi clair et lumineux qu’aujourd’hui, ce qui ne m’a pas empêché de prendre des photos pour immortaliser cette belle fin d’après midi. Avec les autres visiteurs, on s’est amusé à retrouver les bâtiments. A vous de jouer maintenant!
En regardant bien, on devine sur ce wall painting des lettres qui s’étirent, s’allongent et investissent le mur en entier. Derrière ces lettres se cachent une phrase lourde de sens, qui amène le spectateur à refléchir :
« HOW CAN YOU SLEEP »
Cette phrase , provenant de l’opéra de Schoenberg, « un survivant de Varsovie » (sur l’invasion du ghetto de Varsovie) peut être interprétée dans d’autres circonstances.
Devant la flêche du temple de garnison, on aperçoit l’opéra-théâtre, et au premier plan, à gauche, le musée de la Cour d’Or
On aperçoit la façade et les élégants clochers néogothiques de Sainte -Ségolène. A gauche, la Tour Saint-Ferroy, construites dans les 1950’s. En regardant bien l’horizon à gauche, on discerne les fumées s’échappant de la centrale nucléaire de Cattenom.
Le centre Pompidou-Metz et le quartier de l’amphithéâtre en construction. A droite, une tour de la place Coislin , on aperçoit même le clocher du grand séminaire.
Vue sur les toits de l’ancienne maternité Sainte-Croix. En regardant bien, on devine au loin, le château d’eau de la gare de Metz
le bâtiment de l’école de la Miséricorde, datant de 1961.
La tour de la Mutte, chef d’oeuvre de l’art gothique flamboyant, fin XVème siècle
Si vous souhaitez découvrir les hauteurs de la tour Saint-Livier, renseignez-vous vite auprès du frac. En principe, la dernière visite est dimanche 4 octobre à 17h. J’espère que de nouvelles occasions seront proposées.
Sur le chemin du retour, j’ai photographié une autre oeuvre de Tania Mouraud, que vous avez peut-être remarquée devant les galeries Lafayette.
Encore une fois, Tania Mouraud s’empare des lettres, et nous laisse perplexe. Au premier coup d’œil, on remarque l’effet miroité et la typographie des tags. La 2ème lecture est plus sombre.
ICTB, ce sont les initiales de « I can’t breathe », une phrase prononcée par une victime de violences policières aux U.S.A en 2014 mais qu’on peut élargir à l’effet que peut faire toute forme de violence.
2 Comments
Merci Sophie ! Grace a toi nous avons profite de la dernier visite dimanche… Une super decouverte !
merci pour ce message découvert bien tardivement! (bug de blog…) J’espère que le frac proposera d’autres occasions de monter en haut de la tour!